Le 2nd plan de développement (6-12 ans)

Par Mélissa Favier Bosson, avril 2019

 

LE SECOND PLAN DE DEVELOPPEMENT (6-12 ans)
 
L’enfant de six à douze ans, l’enfant du primaire. D’un point de vu anthropologique, c’est un enfant qui n’est plus complètement dépendant de ses parents mais qui n’a pas encore atteint la puberté. Maria Montessori montre cette période comme bien distincte de celle dans laquelle l’enfant était encore en 3-6 ans, il faut donc une adaptation dans la manière de lui parler, de lui apporter la connaissance et l’environnement dans lequel il va s’épanouir.  L’enfant connait un changement radical en passant de la période précédente à ce stade-ci. Il ne va plus seulement se concentrer sur son environnement proche mais veut découvrir un environnement élargi qui sera le monde et l’univers.  Il faut donc lui offrir la possibilité de faire ses découvertes en adaptant son environnement à ses tendances qui le poussent vers l’économie cosmique de l’univers, comprendre le monde qui l’entour et quelle est sa place dans ce  monde. Il faut toujours s’adapter à l’enfant pour ne pas être une entrave à son développement. L’enfant connait une transition aux alentours de six ans, il était lors du stade précédent un enfant égocentrique en construction de sa propre personnalité, et il va devenir un enfant qui se connait et veut prendre sa place dans un groupe social. 
 
 
Changements physiques 
 
Le premier point est que l’enfant connait des changements somatiques lors de cette période.  Le développement du cerveau de l’enfant est pratiquement achevé car il a atteint sa taille adulte à 90 %.  Le fait que le cerveau ait atteint sa taille adulte permet à l’enfant une meilleure organisation de ses pensées et le développement des connexions synaptiques.  Le deuxième signe physique est que l’enfant perd ses premières dents afin d’avoir des dents définitives d’adulte. Il va connaitre un développement musculaire avec une augmentation de sa force physique. Cependant durant cette période le squelette connait une croissance moins importante que lors de la période précédente.  L’enfant est donc physiquement plus fort et il va développer de nouvelles capacités de motricité. Il veut tester sa force. Et enfin, depuis peu de temps, des scientifiques ont observé qu’autour de six ans, la production d’une hormone se déclenche dans le corps. Cette hormone (ADRENARCH) est produite par les glandes surrénales et ils ont pu observer un changement psychosomatique chez l’enfant suite au déclenchement de cette hormone. 
 
 
 
Changements psychologiques
 
Durant cette période l’enfant recherche une indépendance sociale, il va donc s’éloigner de sa famille et du contexte familial pour chercher un groupe souvent du même sexe que le sien.
Dès lors, un instinct grégaire se met en place chez l’enfant. Cet instinct est une caractéristique qui pousse l’individu à vivre en groupe. Il recherche sa place dans ce groupe, à se faire des amis, et il apprend à prendre en compte les autres, leurs avis et leurs besoins.  A l’intérieur de ce groupe, des lois sociales se mettent en place et cela se voit souvent à travers les règles des jeux, qui deviennent alors des jeux sociaux avec une discipline stricte et très respectée dans le groupe.  Il y a une émulation dans le groupe, de la coopération et des échanges entre ceux du même âge, les plus jeunes et les plus âgés. Les enfants de cet âge se lancent des défis entre eux. Ils veulent être respectés et respectables et prendre leur place dans le groupe.
 
Un autre aspect de l’enfant qui se développe est celui du sens de la justice et de la morale.  L’enfant va connaitre une ouverture à la question de justice et d’égalité non plus seulement sur ce qui le touche directement mais dans la société en général. Il va développer sa moralité car il va chercher à savoir ce qui est bien ou mal. Il va s’intéresser à des dilemmes et il veut des arguments de raison pour y répondre.  Ce sens de la justice et de la moralité a un impact très important sur sa vie et son développement social car cela valide les normes avec lesquelles il va juger les actes qui se présentent à lui.  Pour lui, le concept de justice va être la relation entre le comportement d’un individu et les besoins des autres qui seront respectés ou non.  L’enfant va se forger un code moral intérieur qui va le rendre plus sûr de lui, une fois qu’il aura acquis cette confiance en lui il aura le courage d’assumer ses choix et l’obéissance en ce qu’il croit juste.  Il va avoir la volonté et l’envie d’agir pour ces choses là.  Durant cette période l’adulte doit donner les clés pour raffiner le sens de la moralité de l’enfant afin qu’il ait une vision nouvelle avec des nuances dans les actes et les paroles des autres. Cela va donner à l’enfant une flexibilité plus grande dans le jugement qu’il aura en tenant compte des nuances et du contexte dans lequel les actes sont faits.
 
Un culte du héros se met en place, c’est-à-dire un intérêt pour une personne particulière, cela peut être n’importe quelle personne qui aura marqué l’enfant. Cette personne devient un modèle aux yeux de l’enfant, une sorte d’idéal.  L’enfant connait un émerveillement par rapport à ce héros et il va faire une association mentale à lui dans la volonté d’agir de la même manière pour devenir une figure similaire. 
 
 L’imagination est outil très important car suite à l’abstraction les enfants vont découvrir le monde par ce biais, c’est-à-dire se faire une image mentale des choses. L’enfant va avoir un angle de réflexion différent.  Cette imagination peut se transformer en imagination créatrice fondée sur la réalité afin de conquérir le monde psychologiquement puis physiquement en créant de ses mains et en expérimentant
 
 L’enfant connait également un développement cognitif important, les grandes fonctions liées au travail sont développées, c’est-à-dire l’intelligence, la mémoire, le langage, la numération, …  Il connait une période grande de créativité cognitive. La maturation du cerveau entraine un changement dans le travail car l’enfant devient capable de maitriser ses impulsions, de se concentrer plus et plus longtemps, de raisonner et de planifier.  On parle alors du passage à « l’âge de raison » dans le sens du verbe raisonner, réfléchir.  Cet intellect en expansion traduit un esprit raisonnant et comprenant. C’est une période de développement de la pensée logique car des connexions dans le cerveau se développent.  C’est également une période d’apprentissage intense. Il y a un développement d’intérêt pour ce qui est abstrait car l’enfant veut connaitre comment fonctionnent les choses et non plus seulement simplement les utiliser. L’enfant a la curiosité de comprendre le pourquoi et le comment. Il va commencer à se poser plein de questions et à chercher les réponses. Il va alors rentrer dans une exploration de l’invisible nécessaire pour certaines explications et par cela il passe par l’abstraction et l’imagination. L’abstraction part du réel pour aller à la découverte des choses invisibles et va permettre la découverte de théorèmes, de lois par l’observation et la déduction. L’enfant va rechercher cette indépendance intellectuelle. C’est donc la période qui se traduit par la phrase de Maria Montessori « Apprends-moi à réfléchir seul »
 
Durant la période du second plan, l’enfant va connaitre l’effort maximum, c’est-à-dire toujours avec énergie et volonté de se lancer dans de grands projets.  L’effort maximumva permettre un grand travail, c’est-à-dire un travail plus long que dans le 3-6 ans.  Il y aura toujours des répétitions mais ces répétitions vont se faire avec des variations et dans un contexte d’utilité.  L’enfant est poussé par la volonté de connaitre les choses et il va s’investir avec toutes ses énergies dedans.  Sa tendance à l’effort maximum est une impulsion qui vient de l’intérieur et entraine l’énergie physique et psychique. Cet effort maximum au service d’un grand travail va permettre de mettre les capacités de l’enfant à la création de ce qui est issue de son imagination sous forme physique.
 
Un être social
 
L’enfant a la volonté de contribuer dans le groupe social, il veut aider car c’est un groupe où chacun a sa responsabilité. Il cherche à prendre en compte les autres, prendre en compte leurs avis et leurs besoins. Il y veut également être pris en compte. Cette volonté de contribuer dans le groupe social amène des libertés et des responsabilités à l’enfant.  L’enfant du primaire veut prendre part dans un groupe social, il veut être autonome et avoir des libertés ; il faut lui laisser cette marge de liberté pour qu’il puisse développer son sens des responsabilités. Les responsabilités sont importantes pour lui car il cherche à faire comme l’adulte. Les responsabilités qu’on lui donne sont un challenge pour lui, une fierté, il met un point d’honneur à tenir ses engagements. 
 
Enfant du primaire et éducation
 
Du point de vue de l’éducation, le deuxième plan de développement va se baser sur l’éducation cosmique. L’éducation cosmique fait référence à l’harmonie dans l’univers. Maria Montessori et son fils ont donné une version de l’éducation qui inclut l’enfant dans l’environnement, la société, la nature, le monde et l’univers en montrant les liens et l’interdépendance dans chaque chose de la société et du monde vivant. L’éducation cosmique tend à montrer qu’il y a un contribution universelle pour tous et pour toutes choses. Chaque élément dans l’univers a un rôle à jouer plus grand que son propre but personnel et en cela contribue aussi inconsciemment à une tâche cosmique. Le but de l’éducation cosmique est d’amener l’enfant à respecter le monde et chaque chose et de lui donner envie de connaitre les détails du fonctionnement et de la place des choses de notre univers. Il faut donc donner une vision globale du monde et la relation entre chaque élément avant d’aller dans le détail.
Un exemple est donné par Maria Montessori dans une conférence lorsqu’elle raconte l’aversion des enfants pour les vautours puisqu’ils mangent les restes d’animaux morts, mais en leur expliquant qu’ils ne font pas que se nourrir, ils contribuent également à nettoyer la nature, les enfants ont une vision différente de ces rapaces et les considèrent avec intérêt. 
 
Pour appliquer cette vision d’ensemble, la classe n’est plus suffisante à elle-même, l’enfant doit voir l’extérieur pour découvrir ; il va donc faire des petites sorties.  Ces sorties sont des extensions de présentation qui sont faites en classe afin d’aller voir réellement ce que cela représente dans la société. C’est un moyen de continuer la recherche et la collecte d’informations sur un travail initié en classe. Cela permet d’avoir également une vision plus vaste et réelle de l’élément étudié et de découvrir le fonctionnement de la société. 
 Ces sorties sont organisées par les enfants et décidées par les enfants. C’est un grand travail d’organisation de la part d’un groupe qui permet de mettre en place la planification, les règles de courtoisie, de politesse et de sécurité lors de contact avec des gens et des lieux extérieurs à la classe. Dans ce cadre là l’adulte n’intervient pas sauf en cas de danger et pour guider les enfants pour les premières organisations. 
 
Le tout dernier point que nous pouvons aborder est celui de la classe autogérée. Avant d’avoir une classe autogérée il faut que l’adulte montre les exercices préliminaires à l’enfant, c’est-à-dire comment utiliser et ranger les choses afin de donner l’indépendance nécessaire à l’enfant dans la classe. Il faut également donner les outils pour les relations sociales comme la communication non-violente, les manières de résoudre les conflits et les clés pour interagir avec les autres.
 Les enfants sont donc autonomes et responsables de leur classe une fois que l’adulte leur a donné les bases, c’est une responsabilité consciente et réfléchie des choses à faire au quotidien. Il y a un engagement personnel de la part des enfants et une participation au groupe. Cette organisation est mise en place par les enfants lors des discussions.  Les règles sont également décidées en groupe et discutées aussi souvent que nécessaire.  Les tâches sont réparties tout au long de la journée et ce sont les enfants qui veillent au bon fonctionnement de la classe. C’est une micro-société que les enfants expérimentent pour pouvoir agir plus tard dans la société en temps qu’adulte. 
 
Voici donc le portrait d’un enfant en construction de lui pour la construction du monde, avec des bases solides il sera agent de changement dans le monde de demain pour bâtir une société plus juste. 
 
 
Références : 
 
Montessori, Maria (2007) ; Les étapes de l’éducation, Paris : Desclée de Brouwer, 79 pages, 1936
Montessori, Maria (2003) ; Eduquer le potentiel humain, Paris : Desclée de Brouwer, p15-43
Montessori, Maria (2004) ; De l’enfant à l’adolescent, Paris : Desclée de Brouwer, p15-42
Montessori, Mario ; (1959) 1. The child before 7 years of age – 2. The child after 7 years of age – 3. What children taught Dr Montessori in The NAMTA Juornal, Vol 23, n° 2 Spring 1998, P 83-99, Amsterdam 1959
Grazzini, Camillo (19??) Les Caractéristiques de l’Enfance; Bergamo: International Centre for Montessori Studies.

4 planes of development

What is a child about? How can a helpless baby become a full member of our society? Maria Montessori’s understanding was that “education” becomes an “aid to life” - a natural process all children undertake spontaneously, guided through ever evolving stages of development.


Pédaler en classe pour aider les élèves à mieux se concentrer

Quelle ne fut pas ma surprise en tombant sur cet article lors de mes recherches sur internet.

Et pourtant cela faisait écho à ce que j'ai pû observer durant mes nombreuses années de travail avec les enfants. Trop souvent j’ai entendu que les élèves devaient rester en position bien droite et statique sur leur chaise et trop souvent j’ai vu ces enfants se tordre, gigoter et prendre des positions improbables sur leurs chaises alors qu’ils étaient pourtant parfaitement concentrés sur leur activité. Une école primaire d'Ottawa a trouvé une solution originale pour maintenir l'attention des élèves.


Mère imparfaite et fière de l'être

La mère parfaite n’existe pas !

 Etant maman de deux enfants et ayant étudié l’éducation sous toutes ses coutures, j’ai appris une chose en devenant maman : avec ses enfants, on fait ce qu’on PEUT et non ce qu’on VEUT !