La fratrie

Par Samantha Pinet  

 

Dis-moi quel est ton rang, je te dirai qui tu es...

Enfant unique ou au cœur d’une fratrie, nous avons tous une place déterminante, un rôle plus ou moins défini…


L’aîné a été seul au centre des préoccupations de ses parents.

Généralement il est observateur et aime la compagnie des adultes. Il se tourne facilement vers le père. Il veut bien faire, montrer l’exemple.

Il peut se montrer autoritaire avec les plus petits.

Le cadet a été un nourrisson câlin.

Il cherche à faire plaisir plutôt qu’à se conformer aux règles.

Il cherche la compagnie et l’attention de l’aîné.

Il peut se monter exigent.

Le benjamin a débordé d’attention de la part de ses parents (c’est le petit dernier) et de la part de ses aînés (ils ont des responsabilités de grand frère et / ou grande sœur).

Il se tourne plus facilement vers sa maman. Il est rayonnant, joyeux, drôle.

Il aime copier ses aînés. Il tourne autour d’eux, cherche parfois à les énerver, il charme, contourne les règles.

Cette typologie semble se répéter dans les fratries par cycle de trois, le quatrième adoptant les traits du premier, le cinquième du deuxième, etc.

Pour les fratries de deux, on retiendra les places d’aîné et de benjamin.

 

La fratrie construit notre identité

L’influence de nos frères et sœurs est bien plus grande que nous l’imaginions. Ce que nous avons partagé dans l’enfance nous imprègne tous profondément.

L’enfant unique : 

Grandir sans frère ou sœur est une aventure à risque : celle de ne pas se mesurer à l’autre.

Veiller à ne pas enfermer l’enfant dans une bulle, explique Françoise Peille (1).

Ne pas céder aux stéréotypes : non, un enfant unique ne grandit pas forcément en égoïste, solitaire et possessif.

Ne pas en faire un « adulte » trop tôt en le responsabilisant. Il doit pleinement vivre sa vie d’enfant.

Construire un climat familial favorable à l’ouverture aux autres : on constate généralement une avidité sociale chez les enfants uniques.

Eviter de favoriser sa précocité intellectuelle au détriment de sa maturité affective.


Prêter attention à l’intimité : la proximité entre l’enfant et ses parents ne doit pas signifier l’impliquer dans leur vie de couple.

Il faut marquer les générations.

Veiller à ne pas le rendre prisonnier à l’obligation de plaire.

Contrôler la pression : Puisqu’il ne peut pas la partager, l’enfant unique risque d’être encore plus soucieux de satisfaire les rêves parentaux.

 

L’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur :

L’arrivée d’un petit deuxième peut déstabiliser votre aîné en lui faisant perdre son statut d’enfant « unique ».

Face aux changements qui se préparent, il est possible qu’il manifeste une soudaine agressivité ou de l’indifférence.

 

L’intuition des enfants réserve bien des surprises !

 

Avant l’annonce même de l’arrivée du petit frère ou de la petite sœur, votre aîné sent qu’il se passe quelque chose. Il est même possible qu’il se montre particulièrement câlin avant même que vous soyez au courant de l’arrivée de bébé.

Parlez-lui de cette grossesse dès qu’elle est certaine.

Ne l’obligez pas à se réjouir. Donnez-lui du temps !

 

Viendra le moment où, de lui-même, il vous posera des questions. Vous en profiterez alors pour le rassurer, par exemple en lui lisant des livres qui lui sont destinés sur l’arrivée du second.

Faites-lui partager son expérience avec d’autres enfants. Comment ? En lui faisant remarquer par exemple que la maman d’un de ses petits camarades est, elle aussi enceinte ou vient d’avoir un bébé.

Votre enfant aura peut-être envie d’en parler avec ce copain dans la même situation que lui.

Vous pouvez aussi proposer à l’institutrice d’aborder le sujet en classe. Votre enfant a sûrement plus d’un ou une camarade de classe devenu grand frère ou grande sœur avant lui.

Les réactions varient selon les enfants.

Une jalousie nécessaire :

Tout commence à l’arrivée d’un deuxième enfant, un drame pour l’aîné, qui perd son unicité et « apprécie exactement le tort que va lui faire le petit étranger », écrit encore Freud (2). D’emblée, l’affection manifestée envers les plus jeunes est teintée de jalousie, de haine, de vœux de mort parfois exprimés avec la plus grande candeur.

« La jalousie est le processus par lequel l’enfant apprend, en se comparant, à se différencier de ses frères et sœurs pour devenir lui-même » (3), une tâche moins aisée dans les fratries de même sexe proches en âge.

 

La fratrie est un refuge à vie :

Les relations entre frères et sœurs sont indéfectibles mais il y a des saisons de la sororité et de la fraternité, annonce Maryse Vaillant (4).

Entre frères et sœurs circule de l’affection, des conflits mais aussi et surtout du soutien.

Les liens sont très forts quand ils grandissent et permettent d’atténuer les blessures de la vie.

Bien sûr, il ne faut pas oublier qu’il y a autant de relations qu’il y a de frères et sœurs !

Alors faites des enfants !

 

(1) Françoise Peille, psychologue clinicienne, spécialisée dans les questions de filiation
(2) Sigmund Freud, médecin autrichien fondateur de la psychanalyse
(3) Marie-Laure Colonna, psychanalyste didacticienne à la SFPA – Société française de psychologie analytique - 2002
(4) Maryse Vaillant, psychologue et écrivaine française (1944-2013)