Les enfants et les écrans: à chaque âge, sa pratique / Importance du dialogue

Par le CSA: Conseil Supérieur de l'Audiovisuel en France

 

À la télévision, nos enfants ne voient pas la même chose que nous et certaines images peuvent susciter chez eux des émotions complexes et parfois différentes de ce qu’un adulte pourrait ressentir.

 

1. « Une règle d’or : pas d’écran avant 3 ans » 

Pour le CSA, le ministère de la Santé et plusieurs experts, la télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de 3 ans car elle peut freiner leur développement, même lorsqu’il s’agit de chaînes qui s’adressent spécifiquement à eux.
Avant 3 ans, l’enfant se construit en agissant sur le monde : la télévision risque de l’enfermer dans un statut passif de spectateur à un moment où il doit apprendre à devenir acteur du monde qui l’entoure.
Pour développer ses capacités, l’enfant doit utiliser activement ses cinq sens en s’appuyant notamment sur la relation avec un adulte qui répond à ses sollicitations. Il a besoin de se percevoir comme pouvant transformer le monde, ce qu’il fait par exemple quand il manipule des objets autour de lui. L’exposition passive à des images diffusées sur un écran ne favorise pas ce type d’interactions et peut au contraire freiner le développement du tout-petit enfant.
On croit souvent que la télévision a un effet apaisant sur les tout-petits. Or, le regard du bébé est capté par le flux d’images et de sons provenant de l’écran et qu’il ne comprend pas, ce qui peut donner l’illusion d’un effet calmant. Pourtant, ce calme sera souvent suivi d’une agitation mal comprise qui amènera les parents à augmenter l’exposition à la télévision, risquant ainsi d’accentuer son effet néfaste sur l’enfant.

=> Veillez à préserver votre enfant de tous types d’écrans (télévision, tablette et téléphone). L’interaction avec le monde qui l‘entoure est essentielle au bon développement du tout-petit (langage, motricité, etc.).

 

2. De 3 à 6 ans

À partir de 3 ans, les émissions adaptées peuvent stimuler certaines capacités de l’enfant, comme la mémoire ou la reconnaissance des lettres de l’alphabet. Mais attention à la durée : 10 minutes passées devant la télévision représentent un temps de concentration élevé pour un tout-petit.
Il est conseillé de privilégier des sessions courtes, avec la possibilité de revoir plusieurs fois le même programme afin de comprendre l’action et les intentions des personnages… et donc d’éviter de « zapper » entre plusieurs émissions !

Entre 3 à 6 ans, un enfant réagit avec sa sensibilité. Il faut apporter une vigilance particulière sur ce qu’il regarde, car il n’a pas de recul par rapport aux images. Il ne percevra pas la différence entre la fiction et la réalité et considérera comme réelles les images effrayantes qu’il aura vues, sans avoir les mots pour exprimer ce qu’il ressent. D’où l’importance de dialoguer avec lui.

=> Privilégiez des programmes adaptés aux enfants sur un temps limité (maximum 30 à 40 minutes par jour). Une consommation excessive d’écrans peut entraîner des troubles du sommeil, de la vue ou encore de la concentration.

  

3. Entre 6 et 10 ans

À partir de 6 ans, l’enfant est capable de faire le lien entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Il commence à avoir une certaine expérience des images et peut les analyser et les commenter. Il pourrait également vouloir imiter ce qu’il a vu, d’où la nécessité de lui expliquer qu’il ne doit pas reproduire ce qu’il voit à la télévision, et de respecter sa sensibilité en privilégiant des programmes pour la jeunesse.

Jusqu’à 8 ans, seuls les programmes jeunesse sont adaptés (animation, films pour enfants, émissions éducatives ou documentaires), tout en limitant la durée des séances et en choisissant avec eux les émissions, afin de leur apprendre à se repérer dans une offre de programmes.

Entre 8 et 10 ans, privilégiez les programmes jeunesse et les programmes tous publics et essayez de regarder la télévision avec votre enfant.

=> Accompagnez votre enfant dans la découverte des écrans et veuillez à ce que les plus jeunes ne passent pas plus d’une heure par jour devant un écran tous supports confondus
 

4. Après 10 ans

À l’adolescence, l’enfant a parfois envie d’accéder de manière plus autonome aux images, de diversifier les programmes qu’il regarde et parfois de se confronter à certains contenus violents, même s’il n’en est pas émotionnellement capable. Même à cet âge et en dépit des facilités d’accès aux images dont disposent les adolescents, maintenez le dialogue avec eux sur ce qu’ils regardent ou écoutent, et continuez à leur apprendre à choisir ce qui correspond à leurs goûts et à leur sensibilité.

=> Accompagnez-le dans le choix des programmes, apprenez-lui à sélectionner ceux qui lui conviennent, afin de devenir un téléspectateur actif

 

L’importance du dialogue

L’exposition aux contenus violents ou choquants peut engendrer chez les enfants des troubles qui ne sont pas toujours visibles : difficultés à s’endormir, cauchemars, angoisses, banalisation de la violence, agressivité.
Même si votre enfant ne manifeste pas d’émotions négatives sur le moment, celles-ci peuvent ressurgir un peu plus tard et à diverses occasions. Il est important que vous sachiez en repérer les signes, qui diffèrent d’un enfant à l’autre, et que vous pensiez à faire le lien éventuel avec des images choquantes qu’il aurait pu voir.

Exprimer ce qu’il a ressenti pourra minimiser l’impact de l’image violente. Il ne le fera peut-être pas de sa propre initiative parce qu’il peut avoir honte ou peur que l’on se moque de lui ou qu’on le prive d’écran.

Engagez un dialogue avec lui, pour l’aider à comprendre et exprimer ses émotions et à développer son esprit critique. S’il voit qu’un adulte s’intéresse à ce qu’il a ressenti, l’enfant osera davantage partager son émotion. Ce sera aussi l’occasion de consolider ses repères et sa représentation du monde qui l’entoure.

 

Quelque soit l’âge de votre enfant et quelques soient les supports utilisés, voici quelques conseils :

 

·       pour une meilleure attention à l’école, évitez les écrans le matin

·       pour des repas plus conviviaux, privilégiez les repas sans écrans

·       pour un sommeil réparateur, évitez les écrans avant le coucher et dans la chambre

·       quand vous le pouvez, essayez d’être présent aux côtés de votre enfant lorsqu’il regarde des images sur écran

·       évitez que votre enfant ne pratique trop le « zapping » d’un programme à l’autre. Déterminez (avec lui, lorsqu’il en a l’âge) un moment précis et limité pour qu’il regarde la télévision et favorisez le visionnage d’un programme en entier plutôt que de couper l’histoire.

·       prenez soin du confort de visionnage de votre enfant (éclairage et distance).

·       n’oubliez pas de réserver des moments d’échange en famille sans écran : jeux, activités physiques, repas, discussions, sorties, etc.